Diversifier ses actifs en fonction de la conjoncture économique

Cette année, le taux d’épargne des Français sera supérieur à 20 %, soit 5 % de plus par rapport à l’année dernière. C’est la première fois que ce taux est aussi élevé depuis 1978. Ce chiffre n’est pas étonnant dans la mesure où les Français sont reconnus pour leur prudence en matière d’épargne. Pour autant, que faire de ces économies ? Les solutions s’orientent souvent vers des produits financiers (assurance-vie, PEA/compte titres et Plan épargne retraite) mais nous aimons ce qui est palpable. Dans ce cas, est-il intéressant d’investir dans des actifs tangibles tels que les montres et sacs de luxe ?

Durant le premier confinement, 80 milliards d’Euros ont été épargnés. Cette hausse s’explique par le fait que nos habitudes de consommation ont été chamboulées et qu’il était difficile de se projeter. Certains projets, comme l’organisation de vacances, ont été repoussés. Cependant, est-il rationnel de placer son épargne sur un livret A ou autres livrets dont les rendements ne permettent pas de faire face à l’inflation ? Si l’objectif est d’épargner, c’est raté. Dans ce cas, quelles sont les solutions ? Nous revenons régulièrement autour des mêmes sujets, l’immobilier et les produits financiers.

Pour le premier, tout dépend de notre capacité d’endettement. Ce n’est pas l’épargne mise de côté durant le confinement qui va changer la donne. Il faut ajouter à ceci les craintes des investisseurs et les conditions d’octroie de crédit qui se resserrent. Quant aux produits financiers, l’assurance-vie subit une décollecte depuis le mois de mars ce qui n’est pas forcément cohérent lorsque l’on sait que l’épargne placées sur les contrats d’assurance-vie est disponible sous quelques jours. Par ailleurs, tant qu’on ne clôture pas les positions, les pertes ne sont pas actées.

Dans ce cas, que faire du surplus d’épargne ?

Si l’on suit les recommandations de l’AMF en termes d’épargne disponible, cette dernière préconise entre 3 et 6 mois de salaire. Évidemment en cette période incertaine, il peut-être judicieux d’augmenter à 8 ou 10 mois en fonction de la situation professionnelle.
Mais à partir du moment ou le livret A est complet, que l’on dispose d’un contrat d’assurance-vie sur lequel on ne souhaite pas épargner car la conviction dans les fonds n’est plus la même, qu’investir en bourse fait peur par manque de connaissances ou d’accompagnement, que reste-t-il ?

Il s’avère que certains actifs tirent leur épingle du jeu, c’est le cas notamment des montres et sacs de luxe. Acheter ce type d’objets, c’est acheter une part de rêve.

Le secteur du luxe dans le monde

281 milliards d’Euros. C’est ce que représente le secteur du luxe de produits personnels en 2019 au niveau mondial, soit 4 % de plus qu’en 2018. Les trois acteurs principaux du marché sont l’Europe 88 Mrds d’Euros, les Etats-Unis 84 Mrds d’Euros et la Chine avec 30 Mrds d’Euros.
Il faut rappeler que ce secteur pesait 130 milliards d’Euros en 2000 ! Les raisons de cette évolution sont multiples : la forte croissance des pays émergents, du nombre de millionnaires chaque année, des nouveaux canaux de distribution, du marché de l’occasion et surtout de l’influence des réseaux sociaux.

Lorsque l’on observe les consommateurs, 35 % font parti de la génération Y (1980-1995) et la tendance se dirige vers la génération Z (nés après 2000) qui représentera 40 % en 2025.
En combinant ces deux générations, on remarque que la moitié de la population consommatrice de produits de luxe est comprise entre 18 et 35 ans. Ce qui est surprenant dans la mesure où ce n’est pas la tranche d’âge où l’épargne est la plus-élevée.

Mais posséder un produit de luxe fait rêver et se faire plaisir en ces temps difficiles n’est pas irrationnel si le montant consacré est cohérent en fonction de sa situation.

Quel est le budget minimum ?

Pour un sac de luxe neuf, il faut compter environ 1 500 €. À ce prix, il est possible de trouver des éditions prisées comme la pochette Métis de Louis-Vuitton ou le Saddle de Dior. Si le budget le permet, des modèles tels que le Kelly, le Birkin ou le Constance d’Hermès, le 2.55 ou le Timeless de Chanel, le Keepal de Louis-Vuitton, le Luggage de Céline sont des valeurs sûres. Ces modèles sont souvent en rupture de stock et leur prix augmente chaque année. À titre d’exemple cette année, le 2.55 de Chanel a vu son prix augmenté deux fois ! On parle d’une hausse de 5 à 17 % à chaque augmentation.

En se tournant vers le marché des montres, le bon budget pour commencer est de 2 000 €. En dessous, il est possible de trouver certains modèles d’occasion mais il faut vérifier l’état général si vous souhaitez conserver une bonne côte. Pour 2 000 € il est possible d’acheter des montres telles que la Montblanc automatique date, Omega Seamaster vintage et la Cartier Tank.

À partir de 5 000 €, le choix est vraiment large puisque vous pouvez viser des marques comme Rolex, Jaeger-Lecoultre, Panerai, Tag-Heuer, Tudor, Audemars Piguet, Patek Philippe, IWC, Piaget … mais ce n’est pas une raison pour négliger le modèle dans lequel investir. En fonction du mécanisme, de la collection et de l’état, les prix sont très variables. Si vous optez pour une Rolex Submariner, Datejust ou Daytona, Audemars Piguet Royal Oak, Omega Speedmaster ou Seamaster vous partez sur des valeurs sûres. A l’image du Chanel 2.55, la Rolex GMT MASTER II Batman a vu son prix passer de 8 500 € à 9 100 € en un trimestre.

Quelle hausse espérer ?

Le gain peut fortement varier selon la conservation et l’entretien du modèle. Si l’on regarde la côte des sacs Hermès, le Constance pouvait s’acheter à moins de 1 000 € en 2006 sauf qu’en 2018 son prix grimpe à 6 000 € environ d’occasion. Pareil pour le Birkin qui passe de 4 000 € à 10 000 € et le Kelly de 2 000 € à 8 500 €. Le 2.55 de Chanel a vu son prix passer de 1 650 € en 2005 à plus de 6 000 €. On constate que les prix en 15 ans ont doublé voir triplé sur certains modèles.

Même constant du côté des montres. La Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet se négociait aux alentours de 15 000 € en 2005 pour atteindre 25 000 € en 2019. Dans un budget un peu plus raisonnable la Navitimer de Breitling a vu son prix passer de 2 000 € à 6 000 € environ. Même cas pour la Speedmaster Moonwatch d’Oméga dont le prix est passé de 2 200 € à 4 500 €. Enfin, parce que nous sommes obligé de parler d’elle, la Submariner de Rolex à vu sa côte augmenter de 4 000 € à un peu moins de 8 000 €.

Cependant, il faut bien avoir en tête que cette hausse de valeur ne peut avoir lieu sans avoir opté pour le bon modèle et surtout avec un entretien régulier. Là ou les sacs ne demandent pas vraiment d’entretien, les montres ont besoin d’être révisée tous les 4-5 ans. Le coût est variable selon la révision, mais il faut compter entre 500 € et 600 €.

Quelle fiscalité en cas de plus-value ?

En cas de prix de cession inférieur à 5 000 €, aucune fiscalité. Cependant, à partir du moment ou le prix dépasse ce seuil, toute plus-value comprise entre 5 000 € et le prix de cession sera fiscalisée. Deux choix sont possibles : soit vous optez pour le taux forfaitaire de 6 % + 0,5 % de CRDS soit vous optez pour le barème au taux de 19 % + CSG de 17,2 % avec un abattement de 5 % à partir de la troisième année de détention. Pour une exonération
complète à l’IR, il faut compter 22 ans de détention. (les frais d’acquisition et d’entretien peuvent être déduits uniquement sur justificatifs)

À l’image d’un bien immobilier ou d’un placement financier, les investissements « plaisir » se conservent sur le moyen-long terme pour espérer faire une bonne opération.
Cependant, porter ces objets au quotidien est un réel plaisir pour peu que l’on s’intéresse au marché. Le secteur du luxe est en constante augmentation et ce n’est pas prêt de s’arrêter tant qu’il y aura des consommateurs. En poussant la réflexion, posséder ces objets comble un besoin d’appartenance à une certaine classe sociale, mais ça, c’est un autre sujet.

Florian BONNEFOUS,
Fondateur d’Oxylus, cabinet de gestion de patrimoine indépendant.

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